Catalogue OAI du consortium CAHIER

Elie Luzac

Lettre de Elie Luzac à Marc Michel Rey

1748
2019
Bahier-Porte, Christelle (édition)
Vial, Fabienne (édition)
Université Jean Monnet

Leyde 14 Decembre 1748. Monsieur, Rien de plus juste que le partage que vous avez fait; et rien de plus juste encore que de vous donner la moitié des defects; ainsi je vous les envois ci-joint. Je suis faché, Monsieur, autant qu’on peut l’être d’avoir été si mal servi du correcteur; qui est d’ailleurs un homme très capable et très propre pour cela.Je ne sai ce qui l’a porté à cette negligence; mais sur trois lettres que je lui ai ecrites il m’a fini par dire que ce sont des calomnies et que la fourberie ÿ est melée. Je suis pas assez connoisseur de la poësie pour me reposer à cet égard sur moi-même; mais si je trouve quelqu’un qui veuille relire cet ouvrage avec exactitude je serois fort porté à cartonner les endroits les plus grossiers; et de faire mettre dans les Acta eruditorum un avertissement contre celui, qui a abusé de l’emploi dont il s’étoit chargé. On me dit d’ailleurs que ces fautes ne se trouvent que dans les derniers feuillets. Qui auroit pu soupçonner, que deux correcteurs, dont l’un est aussi habile qu’on peut l’être, nous auroient do causé ce déplaisir, et que les fautes seroient echapées à un troisième qui relisoient les revisions uniquement pour avoir le plaisir de contribuer à l’exactitude. Vous avez raison de vous plaindre; mais vous voïez qu’il n’ÿ a rien de ma faute. Si vous voulez vous-même vous en plaindre au dit correcteur, il demeure actuellement chez Madame de Raad, à Haarlem, et s’appelle Ruhnkenius. Si vous voulez encore que je le poursuive ici à l’Academie pour nous dedommager, je suis prêt. Nous avons déjà assez parlé sur Les Mœurs et sur l’Anti-Lucretius. Avant que de partir pour l’Allemagne je vous parlai, et vous me disiez de tacher d’en placer là. C’est pour cette raison que j’en ai fait venir quelques feuilles et certainement je ne les aurai placé qu’en commun; je vous ai offert même d’en faire tout le debit en commun , mais quand vous avez preféré de le faire chacun à sa manière pour lui-même, je me suis contenté de le faire voir. Pour ce qui regarde le debit de l’ouvrage de Penelope, je ne puis être accusé de ce qu’un autre ne me tient pas parole. Je vous envoi encore ci-joint votre compte. Vous pouvez l’examiner, et s’il ÿ a quelque diférence vous me ferez plaisir de me le marquer à la 1re occasion. Je suis en attendant, Monsieur, votre très humble et obéïssant serviteur Elias Luzac junior §.14. Disputant quoque an venit Mÿn Heer / den heere M. M. Reÿ / Boekhandelaan / te / Amsterdam du 14. Dec. 1748. / Luzac junior / Receue le 16e. Xbre / 1748