Catalogue OAI du consortium CAHIER

Marc Michel Rey

Lettre de Marc Michel Rey à Charles Weissenbruch

1775
2018
Bahier-Porte, Christelle (édition)
Vial-Bonacci, Fabienne (édition)
Université Jean Monnet

Amsterdam, 7 mai 1775 Nous sommes arrivés, mon cher fils, aujourd’hui à 5 heures du matin à Amsterdam bien portant, nous avons séjourné 24 heures à Liège j’ai eu le Rouf de hier 8 heures du soir pour moi et ta femme qui se porte mieux ainsi que moi, a la foiblesse près je ne sentirais pas la goute, ta femme a été bien reçeue. Bien mes amitiés à Mama, à madame Guiton et à son mari, au médecin et à toute la famille. Ta femme te donnera le détail de notre voyage, j’ay suivi l’avis du neveu de Monsieur l’abbé de St-Hubert et nous avons manqué nous casser le cou à 3 reprises parce que des deux chevaux que nous avions un ne valoit rien, absolument rien, notre chaise avoit 6 à 12 pouces de moins large que les voitures de ce pays, le postillon ne conoissoit point la route du moment [2] que nous avons quitté la chaussée , j’ay quité et la chaise et le postillon après avoir renversé et qu’heureusement pour nous, nous avons trouvé du secour, le prix étoit convenu à 2 louïs neuf rendu à Bois le duc en 2 jours, je lui ai donné 1 louïs neuf, puis 12 escalins dont six pour lui, parce que c’est un pauvre malheureux et les six autres pour son maitre, tous les frais étoient pour son compte. Voila notre accord, qu’il n’a pas été en état de tenir, la voy de la chaise etant trop petite comme je l’ay déja dit. J’ai loué des car, espece de tombereau avec 4 ou 5 cercles, sur les quels on met une toile et de cette façon nous avons fait dix lieues jusqu’à Bois le duc où nous sommes arrivés samedi à 8 heures [3] du matin nous étant levés à 3, la j’ay pris une chaise qu’il nous a conduit en 12 heures à Utrecht et reparti sur le champ pour Amsterdam. J’ay payé pour les 10 lieues ––--------------- f  6.10 En autres frais et barrières ––----------------   1. – 6 escalin donné en sus du Louïs -------------    1.16 Il lui reviendroit pour faire le second ––----   2.  4 Ce qui fait un Louïs                                           f 11.10 Pour eviter de plus grand malheur nous avons marché à 3 reprises, j’ay eu de la boue et de l’eau, il a falu me rechanger, me faire laver les pieds ce qui est très mauvais pour ma goute jusqu’à present je n’en ay pas ressenti de suite, j’ay pris un guide, j’ay donné a boire aux gens qui ont aidé a relever la chaise, je pense que ces fraix feront 2. 4 et en conscience le maître de ce [4] cette chaise est un malheureux. 1° pour m’avoir donné un cheval qu’il scavoit bien n’etre pas en etat de faire une pareille route, puis qu’au bout de 8 à 10 lieues de marches sur la chaussée le second cheval faisoit tout l’ouvrage. 2do une chaise dont la voye etoit trop etroite, car du moment que nous avons quité la chaussée ; nous n’avons cessé d’etre exposé a toute sorte de malheur. 3° un postillon quil ma dit scavoir les chemins, ce qui est faux, car au bout de la chaussée il ne scavoit plus quel chemin prendre. Adieu, tout a vous Rey Le 7 may 1775 Parti de Liège le 4 à 10 heures, pour arriver le 5 à Bois le Duc, j’y suis arrivé le 6 ayant couché à 3 lieues de Bois le Duc.